Les grandes voisines. Deuxième partie.

 Couloirs couleur fuchsia. Une exposition d'art brut. Je parcours les lieux, émerveillé.

Mon appareil photo à la main, pour vous emmener visiter ce musée incroyable. Plonger dans un autre monde.

Des étoiles dans le ciel du plafond me guident.

Un triptyque qui me fait penser au retable d'Issenheim visité pendant ma scolarité, jusqu'aux nus que j'ai tenté moi-même en photo. Me voilà un artiste assurément.

Un petit tour au bar, avant d'aller dîner à l'extérieur.

Trois petits tours et nous voilà le lendemain matin. Petit déjeuner parfait, toujours dans une salle à manger inattendue, au mobilier extraordinaire. Je pense à un ami qui lui aussi avait mis beaucoup de chaises différentes dans son établissement. Là, aucune des tables avec les mêmes chaises tout autour. Toutes magnifiques. L'ensemble du mobilier restauré par l'Armée du Salut, mais je pense me répéter ...

Allez, il est temps d'y aller. Rendre les clés et dire au revoir en espérant y revenir un jour.

Un dernier tour à l'extérieur.

Et puis, je regarde à l'intérieur de l'atelier d'art. L'animateur vient lui aussi aussi à la fenêtre. Il a une tête d'artiste comme on l'imagine.

Bonjour monsieur.

 Bonjour. 

Vous vous occupez donc du travail, on va dire artistique du lieu?

 On tient un atelier ici qui est ouvert à tout le monde, qui est gratuit, justement pour les résidents, ouvert à tous. 

D'accord, donc je peux venir, moi? 

Tout le monde. Et c'est gratuit en avance aussi le matériel, tout. C'est très bien. Et je suis artiste et on a monté cette exposition là-haut au Grand Barnum 

Oui. Et alors, c'est des artistes... Du monde entier. Du monde entier. De véritables artistes ou c'est des... Il y a des artistes bruts, c'est-à-dire des gens qui sont euh... Bah inconscients de ce qu'ils fabriquent, soit par une maladie mentale, soit complètement illettrés comme la chinoise. Et ça, c'est fondamental pour nous, c'est qu'il y ait une mixité, une porosité entre l'art contemporain et les gens différents.

Et quelquefois d'ailleurs. Là, par exemple, j'ai des œuvres du Bénin qui arrivent. Très bien, très bien. 

 Ecoutez, je vais pas vous embêter plus longtemps, je peux juste avoir votre prénom?

 C'est Guy.

 On va organiser en septembre une Biennale Hors Normes. Et là, il y a à peu près cent cinquante artistes du monde entier. Ça va être à Lyon, dont ici. Il y a une vingtaine de lieux.

Ensuite, c'est en octobre, on part à Madagascar, refaire la même chose. Donc là, on va fermer ici et on va partir. On revient un mois après. Je vais vous passer le papier. Et pour nous, c'est un principe de désacralisation. C'est-à-dire que l'art, ça peut être un peu de tout. Voilà. 

Très bien,  je vous remercie. 

Lorsque je pensais à l'avenir du Collège de Bitche, dans une page précédente, j'imaginais peut-être un lieu comme celui-ci, un tiers-lieu social et solidaire... Mais je crains que les mots social et solidaire ne soient passés de mode.